Dans notre newsletter du mois de juin 2018 nous avions évoqué à plusieurs reprises la notion de CAP. Nous saisissons l’occasion de développer ce thème dans ce numéro de décembre.
Le Contrat d’Adaptation Professionnelle (CAP) est « une mesure qui vise à promouvoir la mise au travail des personnes handicapées en ménageant une période d’adaptation mutuelle entre l’employeur et le travailleur au cours de laquelle l’employeur s’engage à assurer au travailleur une réelle qualification professionnelle. Le contrat est conclu pour une période d’un an, renouvelable au maximum 2 fois. » cfr rapport d’Activités 2017 ; Phare page 20.
Ce contrat peut être précédé d’un stage découverte qui permet à une personne handicapée de s’initier à des situations professionnelles réelles du métier qu’elle souhaite exercer. Le stage peut durer 20 jours, n’est pas rémunéré mais Phare assure le stagiaire durant cette période.
Dans le cadre de notre service d’accompagnement, 4 bénéficiaires sont actuellement en CAP : Liliane et Aurélie en crèches au sein de l’Asbl Le Berceau en vue de devenir auxiliaires techniques en milieu d’accueil de l’enfance ; Steven et Dimitri au restaurant 65 degrés en service en salle.
Steven et Dimitri ont d’abord fait une semaine de formation en juillet, puis ont entamé un stage découverte fin de l’été pour signer un contrat d’adaptation professionnelle à temps partiel (3 jours par semaine).
Liliane a signé son contrat pour une deuxième année avec des objectifs différents. Elle a choisi de travailler à mi-temps, mais en allant à la crèche tous les jours. Aurélie a commencé son contrat en août à temps plein. Au sein de cette Asbl il y a une personne qui est référente des formations et des projets d’insertion et sur place chaque travailleuse a une personne de référence qui la guide. Cette organisation facilite grandement la bonne adaptation des travailleurs. Des réunions d’évaluation sont prévues selon le besoin de chacun.
Notre service travaille de concert avec ces employeurs dans la mesure où les bénéficiaires qui sont confrontés à de nouvelles exigences doivent développer de nouvelles compétences ou ont envie de tenter de nouveaux apprentissages pour une plus grande autonomie. Apprendre à faire mes lacets, à remonter mes manches de chemise, à effectuer le trajet pour me rendre sur le nouveau lieu de travail, à soigner mon look et mon hygiène, à parfaire le comptage, à travailler l’expression orale, à raconter une histoire aux enfants, à augmenter ma cadence lors de la vaisselle,…
Il y a aussi de nouvelles envies qui naissent : aller boire un verre avec les collègues, parler fringues et effectuer l’achat de nouveaux vêtements, trainer un peu pour papoter après le travail…
Il y a l’image de soi qui se modifie : « je suis un travailleur et je me forme pour gagner ma vie » ; » je suis fier de moi » et de nouveaux désirs d’indépendance : vivre en appartement, gérer mon budget …
Il y a à faire un tri dans les priorités et les possibles.
Il y a aussi à tenir compte du sentiment ambivalent de proches : une difficulté à lâcher prise et à laisser son enfant explorer des espaces de liberté et la fierté de le voir s’épanouir, être fier de lui et s’autonomiser.
C’est un nouveau défi dans le parcours de vie de ces jeunes adultes atteints de déficience intellectuelle.
Nous remercions les employeurs de les accueillir (n’hésitez pas à ouvrir vos portes) et les familles de s’ouvrir à cette perspective.
C’est un plus pour tous et une grande motivation pour les travailleurs de notre service d’accompagnement de les accompagner dans ce projet réel d’inclusion.
Brigitte Parmentier
Directrice de l'Asbl Vivre & Grandir
CAP en milieu ordinaire : Dimitri nous livre son témoignage sur ses débuts en tant que serveur au restaurant degrés
« Au tout début, j’ai été assez surpris car je n’étais pas au courant que j’allais travailler au restaurant… mais aujourd’hui, ce travail me plaît beaucoup et je ne regrette pas d’avoir dit
oui.
J’ai d’abord commencé par un stage d’un mois au restaurant. Grâce à mes performances et à mon expérience acquise au salon de thé de Vivre & Grandir, j’ai signé un Contrat d’Adaptation Professionnel (CAP) d’un an dans ce restaurant, depuis le 3 septembre.
Je travaille de 9h15 à 15h30/16h le mercredi, le jeudi et le vendredi.
Ce que je préfère dans mon travail, c’est le service en salle. J’aime me déplacer parmi les clients et mine de rien je n’ai plus si mal aux pieds. J’aime aussi faire l’accueil, un peu moins la plonge, mais bon pour ce dernier je n’ai pas le choix donc je le fais de bon cœur.
Ce CAP me permet d’être libre de mes mouvements, ce qui est un changement important dans ma vie. Ce contrat me permet en plus de rencontrer de nouvelles personnes, et ainsi de me faire de nouveaux amis.
J’ai appris à être rapide et efficace, et ça m’est bénéfique dans la vie de tous les jours.Ce contrat a entraîné le respect de certaines règles comme par exemple bien respecter les horaires, ce qui me fait me lever à 7h tous les matins où je travaille.
J’aime ce rythme rapide dans le travail, on ne voit pas le temps passer, mais rassurez-vous ça nous laisse quand même le temps de manger.
Le fait d’avoir signé ce contrat, et ainsi d’avoir découvert le monde de la restauration, me donne envie d’ouvrir mon propre restaurant… »
Dimitri
CAP en Entreprise de Travail Adapté (ETA) : Xavier et Nadja sont partis enquêter à la ferme Nos Pilifs
La matinée était tout juste commencée que nous étions déjà sur le chemin qui allait nous mener à la ferme Nos Pilifs. Nous étions impatients d’arriver, sachant très bien qu’une belle découverte nous attendait. Nadja, grâce à sa grande expérience du terrain, allait mener notre petit groupe sur les chemins boueux de la ferme.
Arrivés sur place nous pûmes passer partout où notre pied (non) aguerri le permettait par ce temps maussade, et ainsi apercevoir ânes curieux, cochons affamés ou encore chevaux pleins de fierté. Quelques heures plus tard, nous prenions place pour déguster un en-cas aussi goûteux que mérité.
Passant par là nous avons aussi rencontré les travailleurs de la ferme.
En effet, que ce soit sur les chemins sinueux, auprès des animaux ou encore au restaurant, ils s’affairent à s’occuper de ce lieu particulier pour qu’il reste ce petit coin de prairie que l’on apprécie temps.
En effet, la ferme Nos Pilifs a une petite particularité, car c’est une entreprise de travail adapté, aussi appelée ETA, elle offre donc des emplois utiles à 145 travailleurs en situation de handicap. Ils ne sont, bien sûr, pas livrés à eux-mêmes, mais sont encadrés par une quarantaine de salariés.
Ces travailleurs peuvent ainsi expérimenter un panel large de métiers, que ce soit au restaurant, dans les différents magasins ou encore au contact même des animaux. Enfin bref, il y en a pour tous les goûts. On peut même y signer un CAP.
Le but principal de cette ferme c’est l’inclusion, pour permettre aux travailleurs de créer des liens sociaux entre eux, avec les salariés et bien évidemment avec les visiteurs et les clients de leurs magasins bio.
« Nous avons à cœur de leur procurer des emplois valorisants et qui correspondent à leurs cycles de vie et à leurs évolutions professionnelles et personnelles. », voilà une phrase que l’on peut retrouver sur leur site internet et qui montre bien la philosophie du lieu, une philosophie basée sur le bien-être des travailleurs, et qui les place au cœur de ce projet.
Xavier, Nadja et notre stagiaire Adrien
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